Les travailleurs du petit matin
Ils ont les yeux perdus
Dans un rêve encore chaud
Ils portent leur silence
Comme un oiseau blessé.
Ils ressemblent à ces pierres
Jetées dans le ruisseau
Le courant les emporte
Vers un destin tracé.
Ils ne se disent rien
A peine s’ils se voient
Mais ils se reconnaissent
Un peu comme des frères.
Ils échangent un salut
Un sourire parfois
Puis remettent leur masque
Tout ça n’est qu’éphémère.
Cet horizon qu’ils fixent
Est encombré d’ailleurs
D’une nature aimante
D’une source de vie
Loin de toute violence
A l’abri de la peur
C’est là qu’ils se retrouvent
Là qu’ils se réfugient.
Parfois, à leur côté
Une ombre se dessine
Ils croient y reconnaitre
L’enfant qu’ils ne sont plus
Un trouble en eux, grandit
Oppresse leur poitrine.
L’enfant dit est-ce bien
Ça que tu as voulu ?
Mais le métro arrive
Ou une alarme sonne
Ils oublient leurs questions
Se mettent à courir.
Leurs vies semblent réglées
Dans leurs beaux téléphones
Ils pensent décider mais ne font qu’obéir.
Alexandre LABORIE