Je ne connaissais pas Marc Beltra.
Je suis pourtant l’actualité, je lis beaucoup de journaux, de magazines, mais son histoire m’avait échappé.
C’est le premier mérite du dernier ouvrage de Mathieu Simonet : « Marc Beltra : roman autour d’une
disparition » : nous reparler de ce jeune homme disparu en décembre 2003 à la frontière du Brésil, du Pérou et de la Colombie.
Marc Beltra avait 20 ans.
Il était parti au Brésil dans le cadre d’un échange universitaire.
Pour les vacances, il avait le projet d’explorer la forêt amazonienne.
Le livre de Mathieu Simonet paraît pour l’anniversaire des 30 ans de Marc Beltra.
Il y relate les années de recherches, l’enquête, sur place, de la brigade criminelle et livre le témoignage de ceux qui ont croisé Marc au
Brésil, mais aussi de ses proches, du juge chargé de l’enquête.
Il ne cache rien des doutes, des espoirs, des interrogations de la famille sur l’opportunité de médiatiser cette disparition afin de faire
bouger les gouvernants et l’opinion publique dont les regards sont, à l’époque, tournés vers Ingrid Betancourt, otage des Farc.
Une chanson sera d’ailleurs écrite par Jean-Jacques Nyssen et interprétée par Clarika (cf vidéo
ci-dessous).
Mais le livre de Mathieu Simonet est plus qu’un recueil de témoignages et d’initiatives.
Sa force réside dans la réflexion de l’auteur sur sa propre démarche d’écriture, sur son rapport à la vérité.
Mathieu Simonet sait dire les résonances que cette affaire a eu dans sa propre vie et dans celle de chacun des protagonistes, tel Alexandre,
un ancien policier du quai des orfèvres ou Michel, l’oncle de Marc.
Cette intimité, il la dévoile dans un style direct, résolument vivant.
L’ouvrage est comme un collage de ressentis, on y retrouve des échanges de mails, des témoignages, des pensées, des rêves et, comme un cœur
régulier, des extraits du journal intime de Françoise, la mère de Marc Beltra.
J’ai été touché par le passage dans lequel Rafaël, le dernier amoureux de Marc, évoque cette vision qu’il a eue après avoir bu de l’ayahuasca,
une boisson hallucinogène à base de liane : « j’ai vu un arbre, avec un tronc, qui se séparait en deux, puis qui se rejoignait dans le ciel : les deux morceaux du tronc
s’enlaçaient dans les cimes. J’ai compris que c’était nous. C’était Marc et moi. »
Je n’ai pas lâché le livre.
Peut être à cause de ce souffle qu’il y a entre chaque ligne.
Après l’avoir refermé, j’ai contacté un ami qui était au Brésil lorsque Marc Beltra a disparu et j’ai évoqué son nom, au cas
où.
Elle est là, la force des mots de Mathieu Simonet : elle incite, elle fédère, elle est utile.
Comme l’auteur, j’ai envie de croire que certains témoins qui liront le livre décideront « de répondre à l’écrivain et non au policier, à
l’écrivain et non à l’avocat ».
Pour avancer, pour comprendre.
Car la littérature, c’est aussi cela : l’espoir quand il n’y a plus d’espoir.
Alexandre LABORIE
"Marco" : cette chanson a été écrite à partir d'une lettre de Michel Olivès, l'oncle de Marc, pour qu'on n'oublie pas son neveu.
Elle est interprétée par Clarika.
Quelques liens...
Site officiel de Mathieu Simonet
Page consacrée à l'ouvrage: "Marc BELTRA: roman
autour d'une disparition";"