Tout de suite
Si j’étais ce silence précédant l’abandon, je m’offrirais à ton souffle.
Moi, le marin perdu dans des eaux troubles, sans compas ni rose des vents, je me laisserais guider par lui.
L’attente serait douce.
Comme un chat discret, je viendrais jardiner dans nos cœurs une promesse imminente.
Toutes les saisons seraient fertiles.
Même les yeux fermés, te trouver enfin, te reconnaitre.
Balancer dans l’oubli les mots crachés dans la lumière rouge de ma mélancolie.
Feindre d’oublier le chemin pour n’en revenir qu’à toi, devant moi.
Mes masques tombent et quelques larmes les suivent.
Le désir assumé, le désir dépassé, la joie d’être peut s’épanouir.
La joie d’une simple présence au centre de tout.
Hier encore, tu fixais des paysages intermittents, entre deux pages, dans la douce incertitude de tes nuits ferroviaires.
Et moi, j’attendais, slalomant entre les renards et les vautours et je me haïssais certains soirs de tant leur ressembler.
J’espérais ta force fragile, ta complexité d’emblée familière.
Cette lueur qui me brule et me rappelle à quel point il est urgent d’être vivant.
Oui, tout être, tout dire, tout écrire, et nous rejoindre enfin dans cet appétit de vivre émerveillé.
Car l’amour ce n’est pas hier, ce n’est pas demain.
C’est tout de suite, l’amour.
©Alexandre LABORIE