Après le festival
Clap de fin sur la croisette
L’enfant s’avance
Le matin nous a surpris
Ça fait des jours, déjà, qu’on ne pensait plus à lui
Eparpillés les papillons
Des flots de silhouettes
Slaloment entre les camions de la ville
L’enfant veille sur le tapis replié
Devant les hôtels, les chariots de draps sales
Brouillons perdus
Brassées de rêves en rafales
Ou de banals malentendus
Une femme traîne une valise vers un taxi
Il ne la voit pas
Une conversation qui s’échappe
A la volée, que l’on attrape
A cette heure-ci, dis-moi, où étions nous hier ?
Sur cette plage ?
Regarde, il y a un soulier emporté par les vagues
Se peut-il que nous ayons passé l’âge ?
Ces embardées nocturnes n’étaient-elles qu’une vaste blague ?
Je me cache sous les parapluies de Demy
Je vise l’éternité et un jour
L’enfant parle au fantôme de Fellini
Ce besoin de sens et d’histoire, toujours
Les trains sont aussi rapides que l’oubli
Du bleu du ciel perce une ambiance pluvieuse
Tant de promesses dans leurs wagons
Perdues dans des sonneries silencieuses
L'enfant se dresse, conquérant
Devant les marches grises et nues
Dans sa tête, des films
Des bandes musicales.
Il se fait un serment :
Regarde ardemment
Au-delà des cimes
Et tu feras jaillir
Ta lumière sur la toile.
Alexandre LABORIE