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Fragments - Alexandre LABORIE

"La Planète Blanche" à Tarbes (Photos)

17 Décembre 2011, 23:53pm

Publié par laborie.fragments

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Au minimum

4 Décembre 2011, 19:03pm

Publié par laborie.fragments

 

Au minimum,

On passera du bon temps

On agira comme des hommes

Qui savent bien que rien ne dure vraiment

Au minimum

On ne s’enfuira pas, au moindre doute, à la moindre anicroche

On ne se fera pas les poches.

On essaiera de trouver de nouveaux lieux où il fait bon s’aimer

On ne sera pas deux cons dans un aquarium.

 

Au minimum

J’inventerai sans problème

Le jour, la nuit, ad libitum

Mille façons de te dire que je t’aime.

A Paris, Londres ou bien Rome, je serai fier de te tenir la main

En ignorant les regards en coin.

Au minimum,

On nous prendra pour des fous,

Toujours rêveurs, nous n’aurons pas peur de nous,

On ne sera pas deux cons frileux au cœur trop économe.

 

Au minimum,

On osera la confiance

Pas besoin d’ultimatum

Pour se parler, éviter la méfiance.

Nous ne serons pas des copies conformes,

Chacun son monde avec une même envie : se rendre heureux quand on est réunis.

Au minimum,

On saura se surprendre,

Sans se lasser, continuer à s'apprendre,

On ne sera pas deux cons que l'habitude assomme.

 

Au minimum,

Si l'horizon devient myope,

Sûr...ça sera pour ma pomme,

Le jour où l'un de nous deux dira "stop"

Il restera, dans l'album des souvenirs, quelques photos de toi

Au minimum, je me dirai: c'est déjà ça...

On pourra se revoir comme deux bons amis qui ont de la mémoire

Au minimum, je ne serai pour toi, peut être, qu'un pauvre naïf...

Au minimum...

 

 

Alexandre LABORIE

Décembre 2011 à Toulouse

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Ton Pays

13 Novembre 2011, 19:03pm

Publié par laborie.fragments

Cela m’a pris comme ça, en quelques secondes, au milieu de la nuit.

L’envie de retourner là-bas.

La même pulsion m'avait saisi, quelques années plus tôt, lorsque j’avais décidé de rejoindre mes grands-parents, sans les prévenir, pour leur faire la surprise.

Je m’étais levé au milieu de la nuit et comme je me sentais en forme, j’avais pris la voiture et j'étais parti.

L’autoroute, la sortie à Langon, puis le défilé des pins avait commencé.

J’avais retrouvé ces landes girondines que j’aime tant et m'étais arrêté quelques minutes dans la forêt pour respirer cet air de fougères qui sent la mer.

Mes chaussures étaient mouillées par la rosée.

Celle-là même qui restait sur mes lèvres, avec un peu de sève et de sable, après que j'aie embrassé une pomme de pin.

J’ai besoin de toucher la nature,  pour m'assurer que toute cette beauté est bien réelle : je serre les arbres contre moi, je caresse les fleurs et je dis, sous l’eau, au revoir à la mer chaque fois que je la quitte…

Ce fut ensuite l’arrivée, au tout petit matin, chez mes grands-parents.

J’étais au portail du jardin, les grands volets verts étaient encore fermés.

Mémé est arrivée dans sa robe de chambre bleu-clair.

Plus elle s’approchait, plus je lisais l’incrédulité dans son regard :

« c’est toi mon titou, mais qu’est-ce que tu fais là ? que se passe-t-il ? ça va ? »

Mémé…

C’est à elle que j’ai pensé à 3h du matin, ce jeudi d’octobre, quand j’ai « rechuté » et que l’envie de partir m’a saisi de nouveau.

Il a suffi d’une émission à la télévision consacrée à l’Aveyron.

Cette fois-ci, personne ne m’attendrait au bout de ma route.

Mais tu m’accompagnais, ma fille, à chaque seconde, car c’est vers la terre où tu es née que j’avais décidé de m’échapper.

Il y avait tout ce que j’aime dans ce genre de départ nocturne, sur un coup de tête : le froid dans la voiture, comme surprise que l’on vienne la déranger à cette heure inhabituelle, le silence dehors, la rocade toulousaine privatisée, les rares automobiles que l’on croise, en se demandant pourquoi leurs occupants sont eux aussi sur la route en pleine nuit,  ces inscriptions sur les camions étrangers qui vous font voyager, les notes de musique dans l’habitacle, l’odeur du café et les regards encore endormis des premiers clients de ce bar de village où je m'arrêtai quelques heures après le départ.

 

Et voilà. J'y suis ...

Sur la route d'Espalion, j'assiste, tout heureux, aux premiers frémissements de l'aube.

J’ouvre la fenêtre, la fraîcheur envahit la voiture.

J'aspire à pleins poumons ce premier souffle d'air pur.
Une brume légère, telle  l'haleine de la terre, flotte au ras des champs.

Voici enfin Aubrac.

Je gare la voiture et aussitôt je l’oublie.

J’éteins mon téléphone.

Je retrouve la grande façade en basalte et granit de l’hôtel de la Dômerie.

Une chambre est disponible.

J’y dépose mon sac et me change.

Quelques minutes après, alors que les premiers volets du village commencent à s’ouvrir, je suis déjà sur un chemin de terre et j’avance d’un pas rapide, le visage saisi par le froid, un peu hagard, mais émerveillé par la grâce de ce qui m’entoure : ces champs à perte de vue, ce désert infini d’où émergent parfois, tels de timides ruisseaux, ces petites murailles de pierre qui zèbrent délicatement l’horizon.

Le vent est libre, la nature est reine.

De loin,  je devine un abri de pierre et, sentant la fatigue arriver, je me promets de m'y reposer.

Là, recroquevillé en position fœtale,  je me tourne vers le soleil pour en capter les premiers rayons.

En attendant que vienne le sommeil, je repense à cette terre où nous avons passé ensemble quelques années, les toutes premières de ta vie.

Des images désordonnées me reviennent en mémoire.

Le passage du mazel, à Rodez, où le fromager, cet homme grand, avec sa blouse blanche, te faisait déguster tes premiers laguiole.

Les jours de marché, l’hiver, sur la place de la cathédrale, ton petit visage emmitouflé dans ton bonnet, saoulé par ce mélange improbable de café, de châtaignes grillés, d’aligot, de fouace et de charcuterie qui venait chatouiller tes narines en éveil.

« La maison du livre », ta première maison du livre, celle où Laetitia, la libraire passionnée, t’avait fait découvrir « la fée coquillette » qui réalise les vœux des animaux.

La neige et la tempête à Baraqueville, les longues journées à rester au chaud, à jouer, à faire la sieste.

Et puis ce soir de mai.

Le trajet avec ta maman. La musique dans la voiture, comme toujours. La première rencontre avec toi. Le jour de ta naissance…

Je revois aussi cet après -midi de printemps, quelques années plus tard.

Toi, juchée sur mes épaules,  tandis que nous attendions, dans un champ, l’arrivée des vaches d’Aubrac qui venaient rejoindre leur montagne pour profiter des beaux jours.

Ta surprise en voyant les troupeaux décorés de fleurs, de houx et de drapeaux, comme le veut la tradition de la transhumance.

J’entends encore ton rire durant nos courses folles dans ces drailles creusant leur sillon au milieu des plaines comme autant de chemins de vie, autant de routes possibles…

Je retrouve la crêperie, perdue au milieu de ce no man’s land, et ce canapé accueillant et chaud où nous nous réfugiions en fin d’après-midi, après la marche,  pour contempler le spectacle du feu dans la cheminée.

Je repense à la rencontre avec Michel Bras, cet artiste simple et humble qui met en cuisine sa terre.

Son regard concentré sur les moindres détails du tableau qui est en train de naitre sous ses pinceaux d’herbes et de fleurs.

La découverte du « gargouillou » et ce dessert rebaptisé par toi « gâteau de poussière»

 

 

 

Je repense à tout cela et je m’endors, apaisé, sur la terre de tes tout premiers pas, car je sais que j’y reviendrai avec toi.

Je sais aussi qu’il y a encore tant de choses à découvrir, tant de paysages, de montagnes, de mers, de rivières.

Je veux te donner le goût de la nature, l'envie d’apprendre d’elle, avec humilité.

T'inciter surtout à ne jamais être blasée.

Ce soir, je dînerai seul dans cette salle à manger au parquet chaleureux et aux poutres rassurantes.

Je commanderai un aligot, bien sûr !

J’échangerai ensuite quelques mots avec la patronne, avec des clients, touristes égarés ou pèlerins de passage en route vers St Jacques de Compostelle, puis j’irai dormir pour pouvoir, dès le lendemain, reprendre le cours normal de ma vie.

Rassasié pour un temps.

Jusqu’au prochain appel de cette terre auquel je répondrai encore et toujours.

Fidèle au rendez vous.

Parce que c’est ton pays.

 

Alexandre LABORIE

Aubrac / Toulouse
 novembre  2011

 

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