Jacques HIGELIN
Jacques, mon Jacques, mon héros de la Voltige, mon baladin, je n’en reviens pas.
Depuis ce matin, tous les « pingouins de ma galaxie » m’appellent : « j’ai pensé à toi, tu as vu, Jacques Higelin est mort ? »
Je t’ai tellement vu vivant, assoiffé de vivre que je n’arrive pas à y croire.
Des images me reviennent : les concerts à la halle aux grains, la loge du palais des sports à Toulouse, après un concert d’une énergie folle, ton peignoir bleu, ta bienveillance malgré l’épuisement.
Une soirée à Agen, où tu étais venu soutenir la compagnie de ton ami Pierre Debauche.
Les répétitions dans la chaleur de l’après-midi, le parasol à côté du piano, un œil sur Izia (petite à l’époque) qui courait dans tous les sens.
De jeunes musiciens étaient passés, comme ça, par curiosité, tu avais échangé avec eux et fini par les inviter à jouer avec toi le soir : « ben prenez votre guitare et rejoignez moi ce soir, ça sera sympa ».
Cette spontanéité, cette générosité, c’était toi et le soir sur scène tu nous l’offrais puissance mille.
Pas d’horaire, c’était ton corps qui te disait quand il fallait arrêter le concert.
Encore aujourd’hui, quand je repense à cette soirée, j’en ai des frissons.
Même effet qu’avec Barbara dont tu étais si proche.
Tant de souvenirs de concerts, de moments partagés, d’émotions…, je pourrais noircir des pages et des pages.
Je pense à Arthur, Izia et kên qui continuent, chacun à leur manière, à propager cette énergie folle que tu leur avais transmise.
S’il y avait un mot pour résumer ce que m’inspirent toutes ces images de toi, s’il y avait un message à retenir de ta poésie, je choisirais évidemment l’amour : celui des mots, de la musique, de ton public, de la vie.
Il est urgent de s’aimer davantage, c’est ma conviction depuis longtemps et tu fais partie de ceux qui me l’on forgée.
La vie justement, pour ceux qui sont restés et qui t’aimaient elle va être un peu triste pendant quelques jours…mais promis, cela ne va pas durer, on te rendra hommage en chantant, en jouant de la musique, en aimant les poètes de leur vivant, en comprenant leur importance.
En réécoutant Paris-New-York / New-York-Paris et sa fabuleuse énergie.
En réécoutant la ballade de chez Tao (pensée pour eux également, là-bas dans la citadelle) dans laquelle tu chantais : « vivez heureux aujourd’hui, demain il sera trop tard… ».
Alexandre LABORIE