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Fragments - Alexandre LABORIE

Fragments (extrait n°8)

4 Novembre 2017, 20:03pm

Publié par laborie.fragments

La traversée

 

Trois heures du matin, je me lève et réveille

Ma femme et mes enfants, c’est l’heure du départ

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, comme en veille

Assaillis de questions, crainte d’être en retard

 

L’homme nous a donné rendez-vous à cinq heures

Au pied de la montagne, à la petite crique

Surtout, soyez discrets, ne faites pas d’erreur

Prenez le minimum, n’oubliez pas le fric

 

Je devine la plage à quelques encablures

Et lorsque je m’approche une foule impatiente

Fait monter vers les cimes un tragique murmure

Sous mon regard saisis, la peur phosphorescente

 

Le bateau attendu n’est qu’une vieille barque

Fragile, à la merci des vagues déchaînées

Une voix lance un ordre, alors on nous embarque

Dans nos yeux éperdus, nos vies déracinées

 

La mer est agitée, le silence incertain

Brisé par le crachat du moteur obsédant

Par le violent orage qui tonne au lointain

Et les cris quand les flots s’abîment en dedans

 

A cette heure, ils ont dû détruire ma maison

Effacer toute trace, et moi où vais-je donc ?

L’air que nous respirons n’a pas plus de frontière

Que la douleur des hommes ou leur soif de lumière.

 

Malgré tous les dangers, si mes enfants arrivent

Dans un de ces pays, trouveront-ils une âme

Qui saura comprendre, plutôt que l’invective

De ces cœurs étriqués de haine et d’amalgames.

 

Alexandre LABORIE

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F
Beauté douloureuse de ce Fragment, Alexandre. Tu as su à merveille restituer l'état actuel de notre monde, le sort de ces réfugiés qui hantent nos consciences, mais pas celles de nos politiciens, hélas... Merci pour ce poème qui, outre sa beauté, nous amène à réfléchir . FR
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F
Contente de recevoir ce Fragment Alexandre ! Poème à la beauté douloureuse, à l'image de notre monde. Tu as su merveilleusement bien restituer ce que vivent tous ces réfugiés qui hantent nos consciences, mais pas celles des politiciens qui se renvoient la "balle" !
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