Fragments (extrait n°5)
Il y a des cendres dans l’atmosphère rugueuse de la ville.
Des particules que je ne peux identifier.
Cela brille un peu.
La nuit a été courte, nous avons joué de la guitare et bu.
David est resté dormir.
Il est près de midi et la ville n’a rien changée à ses habitudes.
De ma fenêtre, je contemple les entrelacs de route, de bitume et les chandelles de voitures posées dessus.
Je suis comme un nageur qui va devoir accélérer pour rattraper ses concurrents.
Plonger, rejoindre le cours du temps qui n’a ni retard ni avance.
David est reparti plus tôt, il a collé un petit mot sur la porte d’entrée : « je te laisse la guitare, à ce soir ».
Ces cendres m’inquiètent mais je suis peut être le seul.
En bas, les passants n’ont pas l’air d’y prêter attention.
Je tends ma main pour les attraper mais c’est comme si elles m’évitaient, aucune ne se dépose sur mes doigts.
Je ne comprends plus le monde, il avance sans moi ou j’ai oublié de le suivre.
Je ne sais pas si je dois continuer à m’inquiéter ou bien tout compte fait, me réjouir.
Un avion décolle au loin, je me dis que j’assiste à ce départ là, que je suis à l’heure pour cela, que nous sommes toujours en retard pour certaines choses et à l’heure pour d’autres.
Je décide d’observer l’avion jusqu’à ce qu’il disparaisse de mon champ de vision.
J’allume une autre cigarette.
(A suivre...)